Bimensuel Maisha: 22 cas de violences basées sur le genre répertoriés dans les trois communes de Bukavu et à KABARE

ByIsaac Musharamina

Bimensuel Maisha: 22 cas de violences basées sur le genre répertoriés dans les trois communes de Bukavu et à KABARE

Grâce aux activités de monitoring réalisées quotidiennement depuis le début du mois de juillet, 22 cas des violences basées sur le genre ont été répertoriés dans les différents milieux concernés. Ces cas sont relatifs au faible accès aux cours dispensés en ligne pour les élèves en général et les élèves filles en particulier, souvent occupées par les travaux ménagers et sans surveillance des parents aux heures des cours. Egalement des cas de violences sexuelles et des violences domestiques à l’encontre des filles et femmes ont été signalés. Les femmes exerçant le petit commerce sont  particulièrement affectées économiquement par la fermeture des frontières entre le Rwanda et la RDC, les tracasseries policières et la hausse dutaux de change. 

22 cas de violences basées sur le genre répertoriés dans les trois communes de la ville de
Bukavu (Ibanda, Kadutu, et Bagira) ainsi que le territoire de KABARE (l’axe MUDAKA et l’axe
LUDAHA (Du 01 au 15 Juillet 2020)

Violences sexuelles & violences domestiques à l’égard des femmes et filles

– Une fillette de 4 ans a été violée par un adolescent âgé de 17 ans. Le fait s’est déroulé sur avenue Bugabo quartier Kasali en commune de Kadutu le lundi 06 Juillet 2020 vers 11 heures du matin. La mère de la fille a remarqué que cette dernière avait disparu de la cour de la maison, ne sachant pas où elle était, elle a commencé à crier le nom de sa petite fille. Soudain la petite fille est sortie de la porte d’à côté en pleurant. C’est alors que la mère a toute de suite remarqué qu’on a abusé de sa fille. Elle a émis de cris qui ont alerté les voisins et les habitants du quartier qui se sont précipités dans la maison du drame et ont mis la main sur le présumé violeur. La victime a été acheminé à l’hôpital de Panzi pour des soins appropriés et elle y poursuit des soins ambulatoires. Le présumé violeur se trouve entre les mains de la police.

– Trois hommes ont abusé d’une jeune fille de 17 ans dans la soirée du jeudi 02 juillet 2020 dans la ville de Bukavu. La scène s’est déroulé sur l’avenue Buholo 4, vers le rond-point CISHAMBO, au quartier Mosala dans la commune de Kadutu. La victime a été surprise par 3 hommes qui l’ont drogué avant de poser cet acte ignoble dans le domicile de l’un des présumés violeurs. Suite aux cris de détresse de la victime, les habitants environnants sont venus secourir la jeune fille et ont mis la main sur deux des auteurs du viol. La victime en état critique a été conduite à l’Hôpital de Panzi pour des soins approprier. https://pourelle.info/?p=19215

– Une fille de 13 ans a été violée par le mari de sa tante maternelle en commune d’Ibandaau quartier Nyalukemba sur avenue anciens combattants. La petite fille gardait les enfants de sa tante maternelle, comme nounou. La scène s’est déroulé pendant que la tante de la petite fille était au marché de Kadutu pour vendre ses articles et que son mari est resté à la maison car n’allant plus à Misisi où il vend de l’or depuis le début de la Covid-19. De retour à la maison le soir la tante remarque que la jeune fille était affaiblie et elle ne pouvait même pas se tenir debout. C’est ainsi que la fille explique à sa tante comment elle a été abusée pendant la journée, rempli des peurs la tante avait du mal à dénoncer son mari entre temps la petite fille souffre à la maison. Dépassée par la situation la tante s’est confié à une voisine qui lui a recommandé d’amener la petite fille à l’hôpital le plus proche pour des soins appropriés.

– Une fille succombe et une autre échappe à la mortsuite aux avortements clandestins. Ils’agit de deux filles jumelles victimes d’inceste en commune d’Ibanda. Plus d’informations sur http://www.mamaradio.info/bukavu-confinement-une-fille-succombe-et-une-autreechappe-suite-aux-avortements-clandestins/

– Dans la commune de Bagira au quartier B, Aziza Juliette a été brulée par l’eau chaude que lui a déversée son mari à la suite d’une dispute car elle a refusé de lui acheter la boisson traditionnelle. Le mari travaillant comme domestique (homme de ménage) dans la commune d’Ibanda, son patron a suspendu son travail et il passe toutes ses journées à la maison depuis l’avènement de la pandémie de covid-19.

– A Nyalukemba dans la commune d’Ibanda, sur l’Avenue Irambo II, Magaline, une femme porte-faix a été tabassée et injuriée en plein air par son mari en état d’ivresse qui lui réclamait à manger alors qu’elle est rentrée sans argent car n’ayant pas trouvé de clients durant toute la journée du 10 juillet 2020. « Mon mari est venu ivre, il commençait à me demander la viande alors que je n’ai eu que 1000fr pour cette journée. Il s’est mis à m’injurier et à me donner des coups des points et a même chassé ma fille de la maison et celle-ci a passé la nuit chez les voisins ».

L’accès des filles à l’éducation formelle :

Depuis la mise en place de l’approche de dispenser les cours à travers les radios et télévisions, plusieurs enfants dont la plupart sont les jeunes filles n’ont pas soit des post récepteurs, ou suite aux multiples travaux ménagers n’arrivent pas à suivre les enseignements. La plupart se livrent ainsi à des activités génératrices des petits revenus.

– Le cas de SIFA BUDIRI, élève en sixième année primaire à l’Ecole Primaire LUDAHA qui ne suit pas les cours en ligne et passe la journée à vendre des légumes. « Mes parents partent au champ pour la récolte des légumes ; j’ai demandé à mon père l’argent pour la radio parce que chez nous nous n’avons pas de poste récepteur, il m’a dit de vendre les légumes afin de trouver l’argent de la radio et des piles, c’est pourquoi je suis en train de vendre ces légumes ».

– Profitant de la suspension des cours, des filles et des garçons du sous village de Misongiyo à Cinvano passent leurs journées dans des carrières des pierres « Je ne suis pas les cours à la Radio ça ne m’intéresse pas parce que c’est ennuyant, je pars aux carrières où je peux gagner 1000 FC à la fin de la journée, selon la quantité des concassés réalisés et cela m’aide à ne pas quémander ». Explique une élève Pouvoir économique des femmes
Exerçant diverses activités génératrices de revenus, certaines ont du mal à nouer les deux bouts du mois car elles ne vendent plus régulièrement et leurs clients se plaignent de ne plusavoir assez d’argent.

Pouvoir économique des femmes

Exerçant diverses activités génératrices de revenus, certaines ont du mal à nouer les deux bouts du mois car elles ne vendent plus régulièrement et leurs clients se plaignent de ne plus avoir assez d’argent.

– Sifa, une femme couturière habitant à Bagira, a du mal à payer le loyer de son atelier de couture et subvenir aux besoins de sa famille car les client(e)s n’arrivent plus régulièrement. « Cela fait trois mois que je n’ai pas payé le loyer. Depuis le début de Coronavirus je trouve difficilement des habits à coudre et même ceux-là dont j’ai déjà fini les leurs ne viennent pas les récupérer car disant qu’ils n’ont pas non plus d’argent ».

– Par ailleurs, Naomie, habitant dans la commune de Kadutu à Kasali révèle que sa mère a été victime d’escroquerie de la part d’un chauffeur qui lui avait promis de l’approvisionner en farine de Maïs mais n’a jamais ni remboursé l’argent, non plus n’a jamais apporté la marchandise. « Ma mère a transféré l’argent à un fournisseur du Rwanda afin de lui envoyer sa marchandise au courant de cette période où les frontièressont fermées. Ce dernier insinue qu’il ne trouve pas l’opportunité de la lui transmettre. Nous faisons face à des difficultés pour payer
le loyer de la maison car tout le capital de ma mère est parti ».

– Dans la commune de Bagira, au Quartier A, Mme Leya Balungwe, enseignante de son état raconte ne plus être en mesure de payer même le salaire de sa fille de ménage, et a dû la renvoyer, leur institution d’enseignement privée ne pouvant pas non plus leur payer leur salaire. Mme Leya a trois enfants dont un nourrisson et cette situation la perturbe car elle doit en même temps réaliser les travaux ménagers et s’occuper de tous ses enfants.

Afin d’alerter l’opinion ainsi que les autorités compétentes sur les différents cas de violences basées sur le genre que vivent les femmes et les filles en cette période, et ainsi sauvegarder la cohésion sociale et éviter des conséquences néfastes de ces violences dans les communautés de Bukavu et de Kabare, UWEZO AFRIKA INITIATIVE recommande :

  • Aux gouvernements national et provincial :

– Appuyer fortement les actions de développement (et initiatives entreprises par les jeunes et les femmes en particulier) qui assurent une forte résilience des communautés et des individus,

-Prendre en compte les besoins sexo-spécifiques des filles et femmes dans toutes les décisions, politiques et mesures prises pendant cette période en s’assurant que les droits des femmes et des jeunes filles ne sont pas laissés pour compte.

  • Aux autorités politico-administratives des 3 communes de Bukavu et du territoire de
    Kabare

– Prendre des mesures d’urgence qui allègent les conséquences économiques de la fermeture des frontières Rwanda-RDC et Burundi-RDC ainsi que de la hausse du taux de change sur le panier de la ménagère
– Faciliter la tâche aux opérateurs économiques et aux commerçants en leur allégeant les taxes et impôts

  • Aux autorités judiciaires :

– Sanctionner les commanditaires de ces actes

Aux organisations de la société civile et aux médias :
– De sensibiliser davantage la population sur les droits humains et exiger leur respect
– De dénoncer les violations des droits humains et les violences basées sur le genre en particulier

Aux parents :
– Encadrer les enfants pour qu’ils/elles suivent les enseignements à distance en attendant la reprise normale des cours.
– Réduire sensiblement les travaux ménagers pour les filles et/ou les répartir équitablement entre les filles et les garçons afin de permettre un accès égal à tous les enfants à l’éducation
– Respecter les droits des enfants et ceux des femmes en toute dignité.

Uwezo Afrika Initiative

BUKAVU, le 17 juillet 2020

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