Le sketch, une des formes de l’art comédie, connu dans le temps et encore aujourd’hui par nombreux auditeurs et auditrices de la ville de Bukavu est en plein marasme artistique. Peu sont des artistes qui y font carrière. Il semble être un terrain d’acquisition de popularité pour certains artistes qui saisissent des opportunités de travail et abandonnent cet art.
Nadia Hodari, artiste polyvalente et ancienne comédienne du groupe Baoba Culture, pense que cet art connait un frein d’éclosion dû à l’absence des investissements financiers et des producteurs, les cachoteries, l’exploitation des talents à des fins personnels et l’explosion des plateformes numériques, tel que Tiktok,… Cette situation serait une des principales causes qui poussent les artistes à migrer vers d’autres horizons.
« J’ai cessé de produire des sketchs lorsque j’ai obtenu un poste dans une organisation de la place vue que la rentabilité de cet travail était très faible et quelques fois inexistante. Lorsque les radios ne paient pas, on est obligé de chercher ailleurs. Il y a aussi cette mauvaise gestion des chefs des groupes lorsque les médias paient et cela créent des conflits entre les acteurs des groupes», dit-elle.
Le sketch, un terrain de publicité
Les productions actuelles perdent petit-à-petit le caractère éducatif. L’artiste Lobanda Assumani Loba dit Maman Nyasa, regrette que le manque des fonds pousse les uns et les autres à prioriser des connus marketings sous forme des « mabanga », tout en espérant que ces personnalités citées leurs remettent une somme d’argent en guise de remerciement. En quelques manières, ils créent des alternatives de rentabilité de leur art. Cette action, selon Lobanda Assumani Loba dit Maman Nyasa, détruit l’aspect instructif du Sketch.
« Nous qui avons précédé l’initiation de cet art en ville sommes en train de le déplorer. Les productions d’aujourd’hui se composent en sens unique, pourtant la société renferme des faits divers. C’est pourquoi, ils n’attirent plus l’attention. Il ne faut pas seulement citer les noms des gens ou faire de l’amour la thématique primordiale, changeons les choses. Touchons des sujets importants comme la famille, la sécurité communautaire et surtout prodiguons des conseils aux gens pour le bien-être social», renchérit-il.
Une homélie contre les barrières intercommunautaires
C’est un art unique poursuit Lobanda Assumai Loba. Sa capacité de mettre ensemble des divers personnages, le ton employé renvoyant aux tribus diverses dépassent les conflits communautaires. Par les déguisements, les personnages adaptent les notions du genre, et catégories sociales pour prôner l’union et le vivre ensemble.
« Dans le sketch, on peut selon les capacités jouer le rôle de la maman ou le papa, le jeune ou encore l’enfant. On varie les voix pour mentionner les clans et tribus dans le but de construire la société parce qu’un bon sketch instruit et ne divise pas les gens. Nous sommes en mesure de changer les mauvais comportements dans la société », martèle Lobanda Assumani Loba.
Des groupes des sketchs naissent, cartonnent ensuite disparaissent. Cela ne fait ni la fierté des artistes, ni celle des médias, encore moins celle de la communauté qui se doit de lutter pour faire de l’art un métier rentable au même niveau que tous les autres secteurs. Pour qu’il ne soit pas un tremplin vers d’autres horizons, il est préférable qu’il soit un outil qui chasse la laideur des choses comme le qualifie l’artiste chanteur Bono, et non pas un refuge des chômeurs.
Kathia Amina