La bande dessinée intitulée « Tuendeleye pamoja » « marchons ensemble en français » se veut un outil d’alerte de la cohésion sociale dans la région des grands lacs. Publiée dans le cadre du projet « Salon régional de la bande dessinée, SARBD », cette œuvre relie les auteurs bédéistes de la région des grands lacs et ceux évoluant hors du continent Africain. Elle rappelle la nécessité d’une paix et la solidarité pour effacer les cicatrices profondes laissées par les conflits inter et intracommunautaires.
Les auteurs Al’Mata, PK. Kalpone, Santa Kasese, Gervais Nzitunga, Plachiki Benali, Awa Ralph et Freud Mweze se sont mis ensemble pour une seule mission : « illustrer le pouvoir de la réconciliation, où chaque geste de paix, petit soit-il, devienne une brique pour la reconstruction d’une société harmonieuse ».
La paix doit primer sur les violences
C’est ainsi que Tuendeleye Pamoja diffuse ce message d’espoir. PK Kalpone l’illustre dans cette œuvre où les questions d’origine culturelle opposent un chauffeur et ses passagers. Rejoignant la scène d’une femme prête au suicide car sa belle-mère ne soutient pas son union avec son fils. Des conflits tribaux qui peuvent conduire au suicide ou encore des violences morales et physiques sont découragés par cet artiste. Son appel est la considération des différences humaines comme plus-value pour le développement dans ces paragraphes : « l’éducation est une solution pour mettre en place le vivre ensemble, mais elle doit être accompagnée par des évènements communautaires où les gens apprennent à se connaitre. Aussi encourager les dialogues dans les médias et sur les réseaux sociaux car ces plateformes influencent beaucoup les comportements».
Un Consortium d’artistes, une garantie d’autonomisation artistique
Santa Kakese plonge dans sa Ville, la capitale Kinshasa. Un endroit qui partage les défis que rencontrent les artistes Bédéistes. Pour y pallier, elle propose la création d’un consortium d’artistes qui mèneront des plaidoyers auprès des communautés mais également des instances décisionnelles culturelles pour une autonomisation d’acteurs culturels. Cette scène qui part d’une humiliation d’un homme par une femme, parce qu’il est artiste amène le personnage Bomoko à une stratégie : « Organisons-nous entant qu’artistes bédéistes, créons un groupe de bédéistes pour bien avancer. En tout cas cette fois-ci c’est une question d’état d’esprit. Avançons ensemble et nous atteindrons nos objectifs ».
Le pont qui unit les communautés
Les nordistes et les sudistes ne s’entendaient jamais. Personne ne pouvait franchir les limites pour aller au côté des autres. Alors que les uns possédaient des vivres en abondance, d’autres s’enrichissaient en argent. Cependant un besoin se présenta de deux cotés. L’importance d’échange. Nait une idée de la construction d’un pont reliant les deux points. Ainsi, les vivres se vendront et l’argent circulera. Concrétisation du rêve des nordistes et sudistes dans ces paragraphes de Gervais Nzitunga : « ce n’est pas avec des compétences isolées que nous avancerons mais avec notre volonté collective. Répartissons-nous les taches en fonction de nos compétences, commençons à travailler et grandissons ensemble » peut-on lire.
Le mystère qui transforme
Awa Ralph, auteur local fait quant à lui part d’un vécu d’un ménage où la main du gendre est rejetée par le père de Naomie. Un incident inattendu fait la rencontre mystérieuse du père méfiant au brillant Docteur. Issu d’une tribu différente à la sienne, David, Docteur de son état parvient à sauver la vie de la mère de Naomie et gagne la confiance de son beau-père en ces termes de louange de ses compétences doctorales: « je sens une très bonne énergie entre nous. Tu sais quoi mon fils ? J’étais aussi brillant que toi à mon jeune-âge. Merci beaucoup Docteur, je vous dois la vie de ma femme ».
Avancer ensemble dans la paix
A Masisi, au Nord-Kivu se vit une scène de vengeance continue entre voisins. Il s’agit d’une femme et un homme qui se vouent à la destruction de leurs biens pour se punir. L’implication du chef du village dans la résolution de leurs différends amène Plachiki Benali à cette conclusion : « un veau n’est pas égale à un homme. Vous êtes des voisins. Un voisin c’est comme ton frère ou ta sœur. Au lieu d’être jaloux contre son proche, vous devez trouver un moment d’avancer ensemble dans la paix. C’est ça la paix. La vie est un parcours qu’on ne peut cheminer seul. Deux personnes ne peuvent marcher ensemble s’ils ne s’entendent pas ».
Sans les femmes, il n’y aura pas de paix.
Enfin témoigne Béatrice NTAHE dans cette reproduction de Freud Mweze. Cette femme qui revient sur les affres de la guerre des années 1992 au Burundi, des décisions politiques semant des troubles d’ordre public, des massacres, des exils et des violences finit par conclure qu’il n’y a pas d’individus bons ou mauvais. Chacun doit seulement comprendre que l’on doit donner à l’autre le droit de vivre dans son espace pour que nous puissions cohabiter, tous sans exclusion. Tant qu’il y a une partie de la population qui est discriminée, il n’y aura jamais la paix. La lutte par les femmes passe d’abord par la conscientisation de leurs droits.
A travers la deuxième édition du salon régional de la bande dessinée tenue à Bukavu du 1er au 05 Avril 2025, le centre culturel Mashujaa art center a procédé à la distribution de six cent bandes dessinées aux participants et quelques écoles de la ville. Ceci à grâce à l’appui de la Coopération DDC à travers Uwezo Afrika Initiative ; l’institut français de Bukavu ; la Commission Tiers-Monde de l’église Catholique (COTMEC) et l’initiative de Génève pour la paix dans les grands lacs (IDG-GL).
Kathia AMINA
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