Connue pour son caractère spirituel, la musique gospel de Bukavu en province du Sud-Kivu à l’Est de la République Démocratique du Congo est en parfaite mutation. Face au modernisme, des artistes de ce genre musical copient la tendance urbaine, le Rap, Reggae, RnB, Amapiano font désormais partie de la liste. Certains chrétiens et pasteurs évoquent la perte des repères dans des compositions, productions et réalisations, d’autres parlent d’une adaptation selon les circonstances.
Le pasteur et Artiste, PascalKALUPA KAMOLA, dit observer un changement dans la sphère du Gospel. Il soutient que contrairement aux anciennes productions qui s’inspiraient généralement de la bible, aujourd’hui les artistes gospels s’inspirent des faits sociétaux entrainant une perte de l’identité de cette musique.
Il souligne que ce changement motivé en majeur partie pour des intérêts personnels et une visibilité sur les réseaux passe outre la mission d’évangéliser que revêt la musique gospel. Pour lui, les musiques gospels actuelles manquent de l’inspiration du saint Esprit et cela, ne favorise pas l’émergence du Gospel à Bukavu.
« Les principes bibliques doivent être enseignés aux artistes gospels, ce qui pourra les aider à retourner à la case de départ. Peu importe le modernisme, l’artiste gospel doit rester le même et doit viser les mêmes objectifs », renchérit notre source.
Des hommes de Dieu regrette cet inversement de la balance au nom du modernisme qui, pour eux, serait une clé de la chute de cette musique dans la ville de Bukavu.
Le pasteur, John MUBALAMA MIRINDI, rappelle que dans le temps, les artistes prenaient beaucoup de temps à lire la bible et leurs morceaux venaient en grande partie de la Bible.
« Aujourd’hui, un artiste homme dit gospel peut se permettre de tresser se cheveux et/ou monter à la chaire en Pocket down. Les artistes sont tombés dans le libéralisme », martèle-t-il.
Le respect des normes
La musique gospel comme celle urbaine a des normes. L’artiste et producteur, David RUSHEMEZA, évoque principalement celle d’évangéliser. Son regret, est que la musique gospel soit actuellement confondue à celle urbaine qui ne vise en grande partie que l’intérêt pécuniaire.
Pour lui, la musique profane dite aussi séculière ou mondaine regroupe les genres musicaux qui ne sont pas associés aux pratiques religieuses d’un groupe social donné, contrairement à celle gospel qui transmet les valeurs spirituelles et évangélise la parole de Dieu. Il soutient que peu à peu, celle-ci est en train de prendre la forme urbaine.
Le langage des artistes sur scène, soutient David RUSHEMEZA, doit également identifier leur appartenance. Il parle de cette vie de prière qui s’observait pendant les organisations des manifestations gospels dans le passé et qui ne se fait plus voire aujourd’hui. Pour lui, les églises doivent jouer leurs rôles d’encadrement des chrétiens et de respecter les principes et les doctrines bibliques.
Mise STANY, artiste et chrétien, reste convaincu que le secteur gospel n’est pas épargné par le modernisme. « Le monde évolue avec tout ce qui l’entoure », soutient-t-il. Il est fier de voir que la musique gospel est entrain de briser ces barrières et qu’elle va au-delà du prévu. Il cite parmi les avantages du modernisme chrétien, l’absence de cette monotonie de style qui était le crédo dans le temps, mais également, cette indépendance aide les artistes à travailler sans limite.
Par ailleurs, Lisa WAMINIAN, artiste et chrétienne affirme que l’ancienne musique gospel était inspirée et convertissait plusieurs personnes. La nouvelle génération, soutient-elle, est entrain de perdre ses racines et l’originalité.
Entre suivre la tendance actuelle, celle du modernisme chrétien et pérenniser l’originalité dans les productions gospels, le choix reste d’une conviction personnelle.
David Byadunia