17 artistes danseurs et tambourinaires se sont résolus de mettre leur savoir-faire au service de la paix dans la région des grands-lacs. C’était à l’issue d’un panel organisé à Bukavu ce 2 septembre 2024 par la compagnie Umoja Culture. L’objectif selon le Directeur de cette compagnie, M. Marc Ngaboyeka, est de montrer aux artistes le rôle de la percussion dans le développement communautaire.
Ce panel était une aubaine pour les artistes percussionnistes d’échanger avec des activistes venus de Goma et Bukavu autour des thématiques telles que ; comment la danse et les tambours peuvent contribuer à la paix dans la région de grands-lacs, le rôle des artistes dans la lutte contre les stéréotypes, les défis des femmes tambourinaires et la contribution des tambours dans la consolidation de la paix.
L’activiste socio-culturel Héritier Mutimanwa a évoqué la genèse de la percussion dans la ville de Bukavu afin d’exhorter les artistes à conserver cet art entant que discipline artistique. Pour lui, nombre de tambourinaires et danseurs limitent leur sens de créativité, situation qui les pousse à prester dans des activités non conformes aux objectifs initiaux de cet art.
« Nous avons commencé par présenter l’origine de la percussion à Bukavu par Madame Lena qui visait entre-autre la démobilisation des forces armées de l’époque. Cet art a évolué jusqu’à devenir un art de scène mais sa tournure aujourd’hui va dans la rue comme instrument d’animation des mariages, et autres évènements. Etant un langage universel, il fallait faire comprendre aux participants comment ils peuvent conserver la percussion comme une discipline artistique, l’utiliser entant qu’arme de cohabitation pacifique. Nous avons enfin présenté des instruments régionaux et nationaux pour la promotion de la cohabitation pacifique dans les pays de grand lacs», dit-il.
De son côté, M. Rams Kiriza, coordonnateur de l’Association des Jeunes pour la Promotion de la Culture (ACJP) dans la ville de Goma a appelé les participants à transformer leurs compétences artistiques en arme de résolution des problèmes communautés. Pour lui, les tambours doivent être utilisés comme pansement des blessures causées par différents défis de la vie.
Le responsable de l’ACJP a, par la suite, mentionné la responsabilité qui doit caractériser les percussionnistes avant de chuter par le partage d’idées de quelques techniques afin de rendre cet art une source rentable.
« A trois niveaux, j’ai amené le message structuré en rôle des tambours ainsi que ses raisons d’être. On a des problèmes avec nos communautés, et d’autres pays et pourtant nous sommes dans une même région et quand nous jouons les tambours, il peut nous unir et parler des problèmes qui rongent la communauté. C’est aussi pour détraumatiser la population qui souffre et qui a besoin de se défouler un peu. Le percussionniste aide à amener un nouveau souffle, et enfin, il doit vivre de son métier et développer des activités alternatives pour son autofinancement » a-t-il renchérit.
Les artistes se sont engagés à réfléchir sur les actions artistiques susceptibles de résoudre différents conflits communautaires. C’est le cas de Rodrigue Imani membre de cette compagnie qui laisse entendre :
« J’ai suivie avec attention ces enseignements que j’ai trouvé intéressants. On perçoit souvent de l’argent à travers des activités culturelles mais on ne fait rien. Avec ce panel, nous avons eu le désir de poursuivre la carrière, à nous questionner sur nos motivations dans la percussion et avancer », avant d’être complété par Rubangiza Merveille,
« Nous devons tout faire pour apporter un plus dans nos communautés. Nous devons nous demander quel est notre apport en matière de paix chez nous. Nous avons maintenant la connaissance sur comment avoir des initiatives dans la percussion et réconcilier des personnes ».
La compagnie Umoja poursuivra avec un atelier de partage d’expérience entre artistes mercredi 03 septembre ainsi qu’un spectacle ouvert au public le jeudi 04 Septembre 2024.
Kathia Amina