Le Groupe de travail sur la justice transitionnelle (GTJT-SK) a rendu public son rapport sur les crimes graves commis entre 1994 et 2024 dans la province du Sud-Kivu à l’Est de la République démocratique. Avec le soutien de l’organisation Trial International, le groupe a documenté 191 cas d’incidents graves. Cette publication est intervenue le lundi 15 juillet 2024 lors de la présentation synthétique de ce rapport à Bukavu.
Le Groupe de Travail sur la Justice Transitionnelle au Sud-Kivu a révélé que le territoire de Kalehe est en tête avec environ 32 % de ces cas, suivi par Mwenga avec 25 %, Fizi avec 10 %, Kabare avec 7 %, Uvira avec 7 %, Walungu avec 5 %, Shabunda et la ville de Bukavu ont moins de 2 %.
Selon Raphaël Wakenge Ngibi, coordinateur de l’ICJP, la nature des crimes rapportés est diverse : meurtres, travaux forcés, tortures, violences sexuelles, pillages, destruction de propriété, autres actes inhumains, etc., pouvant être qualifiés de crimes de guerre et/ou de crimes contre l’humanité.
Selon ce rapport, les violences ont touché toutes les catégories d’âge et de genre de la population du Sud-Kivu. Aussi, d’un point de vue géographique, les crimes répertoriés ont été commis, en grande partie, dans les territoires de Kalehe et de Mwenga.
De plus, l’analyse des données permet de conclure qu’une large majorité des exactions serait imputable à des groupes armés non étatiques (par exemple, les factions Maï-Maï, les combattants FDLR). Parmi les autres auteurs responsables d’exactions, sont visées les forces de sécurité congolaises, notamment la police et l’armée. Certaines exactions sont aussi imputables à certains éco-gardes congolais, en particulier ceux affectés dans le parc national de Kahuzi-Biega.
Ce rapport réalisé par une trentaine d’organisations de la société civile contribue au renforcement de la politique nationale sur les mécanismes de justice transitionnelle, notamment par l’établissement d’une liste d’incidents de crimes graves, ce qui pourrait faciliter le déclenchement des enquêtes et poursuites des auteurs de crimes de masse et des mécanismes de recherche de la vérité, le renforcement des initiatives de réparations et de garanties de non-répétition des crimes commis.