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L’espace musical Bukavien en particulier et Sud-Kivutien en général, reste marqué par une variété de productions, dont le Rap, RnB, Reggae, Rumba, folklore,… Quoi qu’il en soit, cette musique peine à marquer ses empreintes. La prédominance de la musique étrangère sur celle locale est un combat de longue haleine dans la ville de Bukavu.

Quoi qu’ayant marqué son histoire, surtout dans l’espace Swahiliphone au pays et en dehors, aujourd’hui, cette musique à presque disparue. Plusieurs analystes associent cette situation à la paresse de nombreux artistes qui ont choisi les interprétations, la faible consommation des œuvres produites localement, les faibles moyens pour réaliser une œuvre, les exigences des services étatiques relatives à l’enregistrement et le piratage.

L’opérateur culturel et responsable du centre culturel Delia Ndaro art et culture, M. Thomas LUSANGO, reconnait que l’Etat ne facilite pas la tâche à l’artiste, mais, soutient qu’un artiste qui ne sait pas créer pour survivre artistiquement n’en est pas un. Pour booster la musique locale, il insiste sur la prise de conscience à tous les niveaux.

 « Certains artistes d’ici se contentent des interprétations au lieu de créer leurs propres œuvres et en faire la promotion. Je ne peux pas du tout les en vouloir pour ça, car l’interprétation est une autre dimension de la musique, mais quand est-ce qu’on parlera de l’art local quand on est face de ce genre d’artistes qui font la promotion de la musique de l’extérieur au lieu de celle qui fait la promotion de notre identité ? Je pense que la musique locale stagne et là, la responsabilité est à situer au niveau de l’artiste qui ne crée pas une musique adaptée à la réalité du milieu, aux autorités qui ne définissent pas une bonne politique culturelle et à la communauté qui voit mieux ailleurs que chez soi », renchérit Thomas Lusango.

Des intervenants dans le secteur de l’art en province pensent qu’une bonne structuration de ce secteur peut contribuer à l’explosion de l’art local, à tel point que les différents défis observés dans ce secteur, soient surmontés par les mêmes acteurs. Il s’agit entre autre de l’ensemble de plaidoyers que le comité du Cadre d’Echange et de Concertation des Artistes et Acteurs Culturels « CEC-AAC » doit mener pour contribuer à l’amélioration de ce secteur en province.

Pour sa part, l’artiste musicien et responsable de l’orchestre Atomique Ebende, ISSA LE ROSSIGNOL, pense que la musique de Bukavu peine à se démarquer car elle ne bénéficie pas d’une digne promotion.

 « L’artiste fait ce qu’il peut pour relever les défis, mais je tire une sonnette d’alarme aux tenanciers des bars qui doivent comprendre qu’ils sont en train de tuer notre culture lorsqu’ils importent des Disc-Jockeys communément appelés DJ, qui font la promotion de la musique de leur pays de provenance, à la place de celle locale qu’ils ne connaissent même pas. Il est temps que l’Etat congolais s’y investisse pour que la solution soit trouvée, que les DJ mettent un accent particulier sur la musique locale et que les radios et télévisions de la place fassent aussi de même », interpelle Issa le Rossignol.

Tout en interpelant ses compaires à faire preuve de l’originalité dans leur art, le responsable de l’orchestre Atomique Ebende appelle à la défense de valeurs culturelles en mettant au premier plan la musique produite localement comme moyen de transmission des messages axés sur les valeurs de la culture locale.

Par Sammy BALUME


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