Dans une société où l’identité culturelle s’efface peu à peu par le modernisme, la mode s’avère une clé d’immortalisation du vécu d’un peuple. C’est ainsi que dans la ville de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu à l’Est de la République Démocratique, des créateurs de marque, modélistes, mannequins et passionnés de la mode se réunissent pour un seul but, vendre les valeurs culturelles locales aux yeux du monde.
Depuis des décennies, Bukavu est au centre de célébration des évènements de mode mettant en avant l’accoutrement traditionnel. Ces habits, selon plusieurs modélistes, revêtent une histoire particulière de la région du Kivu voir de la République Démocratique du Congo. Un des évènements de la mode panafricaine, Tamasha Fashion Week, initié depuis 2020 réunit annuellement des créateurs de mode de la RDC et ceux du monde afin de communier autour du vestimentaire.
Son Directeur Salm Nzongana souligne que cet évènement veut faire de Bukavu une capitale de la mode dans la région. Tamasha Fashion week rassemble plusieurs personnalités durant une semaine sur une thématique.
« Nous apprêtons des défilés ainsi qu’une série de processus comme le pop store pour assurer la commercialisation des ténues présentées. Nous voulons faire découvrir des talents chaque année, c’est pourquoi nous faisons appel aux créateurs pour qu’ils arrivent à rentabiliser leur métier. C’est un défis qui n’a pas été facile à relever, mais nous sommes fiers que cet évènement ait été classé troisième du pays l’an dernier avec une récompense qui nous motive un peu plus » dit-il.
Cependant, lors de ces célébrations, il s’observe une forte promotion de l’accoutrement étranger au détriment des créations locales. Des stylistes locaux se plaignent du temps leur accordé pour mettre en lumière leurs potentialités.
« Une dizaine des minutes ne permet pas de tout exposer. Il nous arrive de coudre plusieurs modèles d’habits mais, lors des évènements nous avons peu de temps pour montrer nos collections. Je modernise les modèles anciens et fais revivre les modèles traditionnels comme l’abacost, mais le temps nous manque d’exposer tout ça », se plaint Éric Ngangura dit Maja Machine de la maison de couture Chirhonde Classic.
Si le temps manque aux exposants, les représentants de la mode connus comme des mannequins font face quant à eux au manque d’opportunités de prestation. Le nombre réduit des évènements constitue un défi pour l’exercice de leur profession.

« A Bukavu, nous avons des mannequins qui sont à niveau, mais les opportunités nous manquent. Il y a plus des sollicitations pour travailler gratuitement ou encore faire le bénévolat en donnant des espoirs vains à la fin surtout pour les indépendants. C’est pourquoi je les inviterai à s’enregistrer dans des agences de mannequinat qui assureront leur formation et établiront des discussions pour s’assurer du bien-être de leur carrière», renseigne Guylain Manyuku, capitaine de United Modeling Agency.
De son coté, Éric Ngangura dit Maja Machine de la maison de couture Chirhonde Classic, plaide pour la multiplicité d’évènements de la mode spécialement axée vers l’accoutrement traditionnel dans la ville de Bukavu. Il soutient que cela, arriverait à propulser la mode locale vers l’internationale.
Kathia AMINA