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Bukavu : Les rituels funèbres lega entre tradition et incompréhensions
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Dans une société en mutation, la communauté lega de Bukavu lutte pour préserver ses rituels funèbres ancestraux. Perçus comme mystiques voire suspects par d’autres tribus, ces rites sont au cœur d’une tension entre tradition et modernité, identité et stigmatisation.

Depuis des décennies, la culture lega continue de s’affirmer à travers la valorisation de ses identités culturelles, et ce, malgré l’influence croissante du modernisme. Cette cohabitation entre tradition et modernité soulève des inquiétudes quant à l’acculturation des générations futures.

Parmi les pratiques qui suscitent le plus d’incompréhension figurent les rituels funèbres. Lors des cérémonies mortuaires, certains gestes et rites, pourtant profondément enracinés dans la spiritualité et le respect des ancêtres, sont perçus comme étranges, voire comme de la sorcellerie, par des membres d’autres communautés.

Cette perception engendre des tensions sociales et prête à confusion. Elle met en évidence les défis liés au vivre-ensemble dans une société multiculturelle où les normes et les croyances peuvent diverger. Pour les Lega, ces pratiques ne sont pas seulement des traditions ; elles incarnent un lien vital avec leur histoire, leurs ancêtres et leur vision du monde.

M. Daniel Munyagi, responsable de la communauté Lusu Lega, souligne l’importance de sensibiliser les autres groupes culturels au sens profond de ces rituels afin de préserver l’harmonie et éviter toute stigmatisation.

Pour lui, les rituels observés chez les lega n’incarnent aucun sortilège mais plus tôt des normes culturelles de respects aux personnes mortes. En cas de mort d’un père de famille, par exemble, la culture Lega exige aux hommes de passer quatre nuits au domicile du défunt pour honorer sa sagesse et sa bravoure, mais aussi réfléchir sur les qualités que doit requérir son héritier. 

« Ces rituels sont interprétés par manque de connaissance. Toutes nos pratiques d’hommage ne se font pas en cachette car rien de magie ne se passe au deuil chez nous. Il est très important de valoriser notre identité sans pour autant déranger ceux qui ne sont pas concernées », explique-t-il

L’intérêt des rituels

Ce conservateur culturel décourage la propagation des fausses informations qui peuvent ternir l’image de sa tribu.  Il soutient que certains sont importants pour la protection du partenaire du défunt ou de la défunte.

Salome Mapendo, une femme lega, parle d’une des voies de transmission de la culture des générations en générations. 

« Notre coutume prévoit des pratiques pour un homme ou une femme marié qui perd son partenaire. Cela a pour but de les protéger contre les esprits mauvais susceptibles de revenir sous l’image du défunt. Ces précautions, destinées à briser les mauvais rêves pouvant nuire à la stabilité de la famille, n’épargnent pas la curiosité de connaître l’auteur d’un éventuel meurtre auprès des anciens », insiste-t-elle.

Elle évoque également la relation particulière entre les Lega et les Babangubangu, une catégorie de personnes respectées lors de tous les événements, qu’ils soient festifs ou funèbres, en accord avec les exigences des ancêtres.
« Les Babanubanu sont nos oncles et nous leur devons du respect. Leurs actions nous semblent normales et nous devons les traiter dignement lorsqu’ils viennent chez nous. Il est de leur droit de recevoir une chèvre ou une poule, ou d’en offrir, pour honorer les fils ou filles disparus. »

Enfin, les femmes et les jeunes filles Lega sont appelées à se référer à leurs mères et aux anciens de la culture afin de préserver leurs valeurs. Cela leur permet de ne pas tomber sous le coup des sanctions prévues en cas de non-respect des interdits culturels.

Gisele BASHWIRA

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