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La partie orientale de la République Démocratique du Congo connait depuis des décennies des conflits, entrainant des déplacements massifs des populations, accentuent les discours de haine et des violations graves des droits humains. Pourtant, au-delà de ces réalités sombres, et même dans ce contexte d’échange, des tensions intercommunautaires persistent, la danse a réussi à transcender les frontières géographiques qui structurent les nations et semblent étrangement renforcer les barrières communautaires. A travers la danse, les communautés peuvent se reconstruire et raviver les notions fondamentales du vivre ensemble et d’amour.

A Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, l’art de la danse émerge comme une solution prometteuse. À travers des pas, des mouvements corporels, le partage d’une vision artistique commune et la valorisation des identités, les frontières géographiques et culturelles s’estompent, ouvrant la voie à la renaissance d’une cohabitation pacifique. La similarité de la danse dans les pays de la région des grands-lacs africains se révèle comme un outil puissant d’éducation à la paix.

L’artiste danseur traditionnel, percussionniste et formateur, Marc Ngaboyeka, soutient que la danse moderne ou traditionnelle possède une singularité capable de transmettre une énergie, une émotion, une réflexion profonde et une paix intérieure. Il voit en la danse un symbole de résilience et un vecteur de valeurs intercommunautaires.

« La danse contribue d’une manière ou d’une autre sur le plan thérapeutique. Elle nous permet un rapprochement communautaire. La danse est une lutte et une envie de découvrir des communautés voisines et échanger sur les modes de vie. Nous promouvons la tradition d’ici et celle de l’Est car elle n’a pas des frontières. Les pays voisins nous ouvrent les bras lorsque nous allons prester chez eux et nous faisons de même car à travers cet art  nous arrivons à véhiculer les messages de résilience », soutient-il.

Selon lui, les conflits politiques ne devraient en aucun cas compromettre le vivre ensemble. Il incombe à chaque artiste d’employer des méthodes stratégiques pour déconstruire la haine qui s’observe dans les communautés : « nous devons rester en contact avec les autres. Grace à la technologie nous pouvons collaborer avec les gens des quatre coins du monde. Même si c’est difficile de faire un spectacle ouvert au public, nous pouvons utiliser ces outils pour mobiliser les autres à rechercher la paix. Nous ne devons pas tomber dans un système de partage des informations sans preuve mais le vivre ensemble, l’espoir d’un futur radieux, la cohabitation doivent être notre langage ».

Un Porte-Étendard de la Communauté

Le danseur révolutionnaire, Darel Longundu, souligne qu’une danse doit assoir ses créativités sur la tradition afin de rendre hommage aux initiateurs culturels et d’ancrer les innovations sur des fondations solides. C’est en ce sens que l’artiste danseur devient un porte-étendard de sa communauté. Son combat doit encourager la paix, le respect et la considération de chacun, sans distinction d’appartenance sociale. Ses actions et ses paroles doivent également être irréprochables, car il est le reflet de la société.

 « Nous n’avons qu’un seul pays, le monde. Il nous faut arriver à briser ces limites culturelles. C’est pourquoi un artiste ne peut pas poster tout et n’importe quoi sur ses sites de communication. Il y a beaucoup des belles choses qui se passent dans cette région sur lesquelles on peut se baser pour instruire la communauté. L’artiste doit approfondir ses réflexions, créer des projets et va au-delà des idées ordinaires », soutient-il.

Des projets pour un avenir pacifique

Dans la région des Grands Lacs, de nombreux projets sont mis en œuvre par des artistes danseurs pour promouvoir le vivre ensemble. On peut citer le spectacle « Pensée », le projet « Art Yetu », « Kivunyika » qui mettent ensemble les artistes danseurs du Kivu et ceux de la région de Tanganyika, la Rencontre Chorégraphique des Grands Lacs, la « Soirée Danse-Création », et bien d’autres. Ces activités menées rassemblent des artistes d’ici et d’ailleurs pour échanger sur les bénéfices d’un retour à la paix entre les communautés et prouver qu’il est possible de se divertir et guérir ses maux à travers l’art.

Kathia Amina


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