Category Archive Santé

ByRolande CINAMA

Bukavu : les jeunes filles membres de club Maisha échangent autour de la journée du 8 mars.

La communauté internationale célèbre la date du 8 mars comme une journée de la femme ou une journée de lutte pour les droits de la femme. A cette occasion 240 jeunes filles élèves membres du club Maisha ont échangés sur le thème concernant la célébration de cette journée.

La question capitale était de savoir si toutes celles qui la célèbrent surtout les jeunes filles et même certaines femmes, comprennent l’objet de la célébration de cette journée ?

Pour la plupart de ces élèves, cette journée est une journée où  l’on célèbre la femme.

Pour Natasha BYAMUNGU, cette journée est celle où toutes les femmes doivent porter des pagnes, et faire la fête « dans notre école on célèbre chaque année le 8 mars, mais dire que je connaissais ce que nous célébrons c’est faux, je savais qu’on doit seulement porter le pagne, faire des poèmes, manger et boire à l’honneur de la femme » ;

Emmanuella BAHATI, elle pense que c’est une journée où les hommes doivent aider les femmes à effectuer leurs travaux managers. J’ai un jour attendu ma grande sœur parler de cette journée : elle disait à mes frères que comme c’est le 8 mars, ce sont eux qui vont faire les travaux ménagers et dès lors j’ai compris que cette journée consistait à aider les filles et femmes aux travaux ménagers ».

Comme Natasha BYAMUNGU et Emmanuella BAHATI, nombreuses femmes et filles vivent dans la même ignorance d’où l’importance d’une sensibilisation.

Ceci a permis à Adèle LUMPALI animatrice de UAI d’expliquer brièvement l’historique qui a conduit à la célébration de la date du 8 Mars.

« Il s’agit entre autres de certaines figures et dates qui d’un côté ont marqué le passé et de l’autre influencent l’avenir. Loin de constituer un événement commercial dénaturé, la journée internationale des droits des femmes est une date charnière du calendrier féministe, dont l’objectif est de dénoncer les discriminations, les inégalités et les violences vécues par les femmes. Tout commence par une brave dame du nom de Clara ZETKIN, en 1908, sous son instigation 1500 femmes défilent dans les rues de new York pour réclamer une réduction du temps de travail, une meilleure rémunération et le droit de vote, et un an plus tard, le parti socialiste américain proclame pour la première fois la journée nationale de la femme.

Clara Zetkin une femme militante communiste défenseur des droits des femmes ne s’est pas arrêté par-là, sa lutte continue, en 1910. Elle organise une conférence internationale des femmes travailleuses à Copenhague, ou elle suggère que la journée nationale des droits des femmes accordée par le parti socialiste américain soit reconnue internationale. Une centaine des femmes venues de 17 pays présentes à cette conférence approuvèrent la suggestion  de Clara à l’unanimité. Ce fut une grande victoire célébrée en 1911 dans  certains pays Européens dont l’Autriche, le Danemark, l’Allemagne et la Suisse. Au fil du temps les choses prennent une grande envole et enfin de compte une officialisation de cette journée s’annonce lorsque les Nations Unis commencent à célébrer cette journée

Pourquoi le 8 mars ?

L’idée de Clara de créer une journée internationale de la femme n’avait pas des dates fixes. Elle n’a été officialisée qu’à l’occasion d’une grève en temps de guerre, en 1917, au cours de laquelle les femmes russes ont réclamé du pain et de la paix. Quatre jours après le début de la grève, le tsar a été contraint d’abdiquer, sur ce, le gouvernement provisoire a accordé le droit de vote aux femmes, ceci dit la date de début de la grève des femmes dans le calendrier julien alors en vigueur en Russie était le dimanche 23 février correspondant à la date 8 mars dans le calendrier grégorien. C’est à cette date que la journée de droits de la femme est célébrée aujourd’hui.

En fin de compte après cet historique il était nécessaire de montrer aux jeunes filles que la fête de cette journée ne se limite pas seulement à se remémorer du passé mais aussi de penser à l’avenir, en emboitant les pas de nos prédécesseurs. C’est-à-dire continuer à lutter, à se battre en réclamant les droits auxquels jusqu’aujourd’hui les femmes n’ont pas accès.

 

 

 

ByThèrese

Sud-Kivu/J.I. du diabète : Le Capsa revient sur les causes et moyens de prévention tout en invitant ses porteurs à la prise en charge

Dans le cadre de la commémoration de la Journée internationale du diabète, l’organisation Centre d’appui à la promotion de la santé, CAPSA vient de tenir une conférence sous le thème : « L’accès aux soins du diabète ». Ceci dans le but de sensibiliser la population sur la prévention de cette maladie qui selon l’Organisation mondiale de la santé ravage environ quatre millions de personnes au monde.

Pour Marie MIGANI, directrice du CAPSA, ces assises visent également à interpeller les autorités sanitaires, politico-administratives, les organes de la société civile ainsi que des responsables des organisations sur les problèmes auxquels se heurtent les porteurs de cette maladie, dont parmi eux figure le non accès aux soins de qualité lié au prix élevé qu’impose ce service.

« À travers cette conférence, nous avons voulu mettre un accent sur les conséquences sociales de cette maladie qui avec le temps finira par causer des inégalités sociales. Nous pensons que l’interpellation et l’implication de chaque membre de la société est d’importance capitale afin d’essayer de mettre une barrière à cette hausse outrancière de cas diabétiques. Tout le monde doit être informé sur le danger et la progression de cette maladie, afin de prendre des mesures préventives et de prise en charge pour de combattre sa multiplicité. », explique Marie MIGANI.

Cette activité a connu les interventions des différents médecins pour une bonne compréhension du thème abordé.

Il s’agit entre autres du docteur Dieudonné BIHEHE, qui a montré quelques facteurs causaux du diabète dont parmi eux la sédentarité, l’hérédité, la mauvaise hygiène alimentaire, pour ne citer que celles-là.

« Le diabète est héréditaire, car si les deux parents sont diabétiques, l’enfant a 90 % de chance d’en attraper. Si un des parents est diabétique, l’enfant a 50 % de chance d’en avoir aussi ; la mauvaise hygiène alimentaire et la sédentarité accumulent cette maladie surtout si la personne ne veut pas marcher à pied ou même faire du sport. » Également, si à la naissance l’enfant dépasse 2,5 à 3,5 kg, la mère et les enfants courent le risque de faire le diabète. Chaque personne normale a 4 % de chance de faire le diabète, donc tout le monde est concerné et par conséquent appelé à appliquer les méthodes préventives du diabète. »

Le docteur MORISHO, pour sa part, ajoute que le non-respect du régime alimentaire chez les diabétiques conduit à la défaillance du système immunitaire qui à son tour occasionne de multiples infections chez le malade.

À son tour, le docteur Landy MUGISHO est revenu sur les signes que présente le porteur du diabète et sa prise en charge pour permettre au malade de prendre soin de lui en respectant les recommandations du médecin.

« Beaucoup de malades dans la société ne se connaissent pas, d’où la sensibilisation aux hôpitaux de dépister chaque patient même s’il ne présente pas des symptômes du diabète, dit-on, éduquer pour protéger l’avenir. »

La journée internationale du diabète est célébrée le 14 Novembre de chaque année. Le thème de cette journée pour la période 2021-2023  est « l’accès aux soins du diabète »,  ce qui signifie l’importance des efforts déployés en matière de la prévention.

Marie Thérèse CITO

ByRolande CINAMA

Sud-Kivu : Plus de 80% des adolescentes ne sont pas favorables à l’avortement et contraception sécurisés

La division provinciale de la santé, DPS Sud-Kivu vient de présenter devant les responsables des organisations, structures sanitaires, et étatiques des résultats obtenus après des études menées sur les connaissances, attitudes, et pratiques des adolescentes et jeunes filles sur la contraception  et avortement dans les zones de santé de MITI-MURHESA et KADUTU.

C’était lors d’un atelier de dissémination tenu mardi 31 octobre 2023 dans la salle de réunion de l’hôtel Elizabeth de Bukavu.

Appuyée financièrement par le projet d’appui au renforcement du système de santé et accès à l’intervention de la santé sexuelle et reproductive (PARSS-SSR), ces études menées par le programme national santé de l’adolescent (PNSA) ont  couvert quatre zones santé de la division provinciale de la santé de Kinshasa et deux du Sud-Kivu dont Kadutu et Miti-Murhesa.

Pour Pierrette MUANDA, point focal de ce projet d’appui, les résultats de ces études  ont prouvé que la majorité des enquêtées ne sont pas favorable à l’avortement et contraception sécurisés, pourtant important dans le respect des dispositions prévues par le protocole de Maputo.

Ce comportement ajoute-elle,  favorise la multiplicité des lieux des fortunes et clandestins pour se faire avorter, la multiplication des personnes pratiquant les avortements et plusieurs autres facteurs mettant en danger la vie de l’adolescente et de la jeune fille.

« Nous avons utilisé deux approches pour mener cette étude. L’approche quantitative a concerné les enquêtes auprès des jeunes et adolescents rencontrés dans les ménages, et  celle qualitative nous a permis d’organiser  les focus groupes auprès des adolescents et jeunes. Mais également mener l’entretien semi dirigé auprès des prestataires des soins dont la majorité d’entre eux est contre la demande des soins d’avortement par les jeunes filles car selon eux, cela entrainerait une hausse de cas d’avortement dans la communauté pourtant la majorité d’entre ces adolescentes sont favorables à l’avortement dans les conditions du protocole de Maputo pour préserver la santé physique et mentale de la mère ».

Le protocole de Maputo adopté en 2003, constitue l’un des premiers cadres juridiques pour la protection des droits et des libertés des femmes et des jeunes filles en Afrique. Il reconnaît l’accès à un avortement médicalisé dans certaines conditions tel un droit humain dont les femmes doivent jouir sans restriction. Ces conditions sont telles qu’en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du fœtus.

120 adolescents et jeunes dont l’âge varie entre 15 et 24ans en raison de 80 dans la zone de santé de Kinshasa et 40 du Sud-Kivu et 12 prestataires des soins parmi eux 8 de Kinshasa et 4 du Sud-Kivu ont étés concernés par ces enquêtes qui se sont déroulés du 02 au 10 avril 2023.

Gisèle BASHWIRA

ByRolande CINAMA

SUD-KIVU : LES FEMMES APPELEES A SE FAIRE CONSULTER POUR UNE PRISE EN CHARGE EFFECTIVE CONTRE LE CANCER DES SEINS

En République Démocratique du  Congo, le cancer des seins devient une grande préoccupation pour la santé des femmes. Allaitantes ou pas, les femmes sont diagnostiquées de cette maladie et  certaines pensent directement à la « sorcellerie » ne comprenant pas comment cela peut leur arriver.

La pensée des femmes sur cette maladie

Les femmes à Bukavu pensent que le cancer des seins est une malédiction ou un mauvais sort. Les filles se croient à l’abri et ne trouvent pas important  de consulter lorsqu’elles ressentent des tiraillements au niveau de leur poitrine, d’ailleurs sont rares celles qui  « s’auto consultent » en se palpant régulièrement.

C’est le cas d’une  femme qui a préféré garder l’anonymat qui nous parle de son expérience : « Jusqu’à présent je ne comprends pas comment j’ai pu contracter cette maladie pourtant je suis

médecin et mère de neuf enfants qui ont tous été allaités. Depuis ma jeunesse je n’ai jamais ressentie un quelconque gène qui pourrait m’alarmer. Ce n’est que lorsque mon cadet a atteint l’âge de douze ans que j’ai commencé à ressentir une petite douleur au  niveau du sein gauche et en palpant on pouvait détecter une petite boule immobile. Sept ans plus tard la douleur devenait insupportable et c’est là que je me suis décidée de consulter bien sûr avec l’appui de ma famille. Et c’est ainsi que je me suis rendue à l’hôpital docteur Rau à Ciriri et après les examens le médecin m’a confirmé que j’avais le cancer du sein qui était déjà à un stade avancé et qu’on devrait le couper. Une nouvelle que je n’ai pas réussi à digérer bien qu’étant médecin. Je suis allée au Burundi pour me rassurer que c’était vrai et là aussi on me confirma que j’avais ce cancer et on a eu à me couper un sein.

Avant cette opération j’ai perdu confiance en moi et je pensais que je serais marginalisée dans la communauté; mais  à ma grande surprise, les gens m’ont soutenu et m’ont encouragés à aller de l’avant  et aujourd’hui  je n’ai pas honte et parfois je marche sans soutien-gorge car à la fin je me dis que j’ai vaincue ce maudit cancer»

Réaction des médecins

Pour Dr Olive ABAMBULA, gynécologue et obstétricienne, « Le cancer de sein est une prolifération des cellules malignes au niveau des seins chez la femme ».

Cette maladie se manifeste sous plusieurs aspects d’où l’importance d’informer les femmes sur les signes alarmantes du cancer de sein afin qu’elles puissent bénéficier d’une prise en charge avant qu’il ne soit tard.

Bien que toute masse ne plaide pas en faveur d’un cancer des seins, chez certaines femmes curieusement il s’observe  des masses qu’on appelle tumeur bénigne et maligne ; cette dernière est celle qu’on appelle cancer.

« Les femmes doivent se palper les seins régulièrement pour pouvoir détecter cette masse qui est mobile et a une consistance dure peu importe les diamètres qu’on peut avoir. Cette masse peut être douloureuse ou non.  Au niveau extérieur le sein a l’aspect d’une peau d’orange et on peut constater une malformation au niveau du sein ou du mamelon. S’il y a écoulement du sang au niveau des mamelons, c’est un mauvais signe et il faut consulter rapidement ».

Docteur Olive ABAMBULA fait un trait sur les facteurs de risques et elle invite les parents à éviter les produits indigènes qui à la longue pourraient amener un cancer et se faire traiter par un  médecin mais aussi et surtout à allaiter les enfants.

Ce mois d’octobre appelé « Octobre rose » vise à sensibiliser au dépistage du cancer des seins chez les femmes.

Rolande BASHI

ByRolande CINAMA

Bukavu : 50 couples de la ville de Bukavu outillés sur la planification familiale et le VIH/SIDA

Dans l’objectif d’améliorer les conditions socio-sanitaires des communautés de la ville de Bukavu, l’organisation Uwezo Afrika Initiative a organisé une formation à l’intention de 50 couples sur la planification familiale et le VIH SIDA du 23 au 24 Aout 2023.

Au cours de cette formation, les notions sur la planification familiale ainsi que les infections sexuellement transmissibles avec un focus sur le VIH/ SIDA ont été abordé en soulignant les avantages de la Planification familiale sur tous les plans. A la fin de cette formation les participants se sont exprimés :

Pour madame LIONGO FATUMA « Je suis une mère de 8 enfants et mon mari et là. Je ne sais pas comment remercier l’organisation Uwezo Afrika pour cette initiative. Mon mari me parlait sans cesse de la PF vue le nombre d’enfants que nous avons et mon âge, je lui disais que cette affaire c’est pour les satanistes  et que je ne peux pas adhérer dans cette histoire, au fond de moi j’avais aussi ce besoin de limiter les naissances mais j’ignorais comment. Aujourd’hui grâce à l’organisation Uwezo Afrika Initiative nous venons d’apprendre les avantages de cette planification pour moi la mère, pour les enfants et pour toute la famille, en tout cas j’étais dans une très grande ignorance. Ici et maintenant nous avons pris la décision avec mon mari d’aller sans tarder à l’hôpital pour les examens et voir quelle méthode nous allons choisir, merci sincèrement UAI ».

Quant à Monsieur KUBISA FILA Le mari de madame LIONGO FATUMA ; c’est un sentiment de satisfaction « je ne peux que dire merci beaucoup pour cette initiative, comme l’a dit ma femme nous avons 8 enfants, avec la situation économique actuelle du pays, répondre à tous les besoins de ces enfants n’est pas facile ;  tout le temps, je disais à ma femme de parler avec d’autres femmes pour comprendre comment elles font pour ne pas tomber enceinte rapidement et elle me répondait que ces autres femmes utilisent les méthodes de  PF mais qu’elle ne pouvait jamais le faire. Lorsque nous avons reçu l’invitation de cette formation, j’ai dit à ma femme de laisser tout et venir écouter parce que en lisant le thème de la formation j’avais foi que ma requête va enfin trouver une solution ; et voilà je suis satisfait par les enseignements reçus qui sont arrivé à convaincre ma femme et déjà en sortant d’ici nous allons nous rendre à l’hôpital pour plus de détails.

Comme ce couple, beaucoup d’autres vivent dans l’ignorance et d’autres personnes pensent que c’est une histoire d’une catégorie de personnes. C’est comme monsieur MAKWAYA BUTA « Personnellement, je pensais que la PF était l’histoire des femmes et c’est ce que je n’arrêtais de dire à ma femme ; quand elle tombait enceinte j’étais le premier à la réprimander  et pourtant quand elle me demande  d’utiliser le préservatif, je refuse, mais je faisais toujours tomber la faute sur elle, mais aujourd’hui je viens d’apprendre que la Planification familiale est une affaire de deux personnes, j’ai honte de moi-même. Je promets que la matière reçue ne va pas rester entre nous, je vais aussi sensibiliser mes collègues de service. Aussi une demande à UAI d’élargir ces genres des formations dans chaque territoire pour aider les couples qui sont comme moi ».

Notons que cette activité rentre dans le cadre du projet « Des communautés sensibles au genre et VIH SIDA au Sud-Kivu » sous l’appui financier de la Fondation de France.

Marie Thérèse Cito

ByRolande CINAMA

A Bukavu, les « Clubs Maisha » s’efforcent de prévenir les grossesses non désirées

Santé

En République démocratique du Congo, des millions de filles sont forcées d’accepter des relations sexuelles non consenties, ce qui les met en danger de grossesses non désirées, d’avortements et d’accouchements à risque, ainsi que d’attraper des infections sexuellement transmissibles (IST), notamment le VIH. 

Dans la ville de Bukavu, par exemple, on assiste ces derniers temps à la prolifération de cas de grossesses non désirées chez les jeunes filles adolescentes.

Bukavu est une ville de plus d’un million d’habitants située dans la province du Sud-Kivu dans l’Est de la République démocratique du Congo.

Rosine Pascale est membre du Club Maisha (ou club la vie) à Bukavu en RDCongo.
ONU Info / Esther N’sapu
Rosine Pascale est membre du Club Maisha (ou club la vie) à Bukavu en RDCongo.

Graves conséquences sur la santé 

D’après le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), la RDC est l’un des pays au monde qui compte le plus grand nombre d’enfants victimes d’une grossesse précoce. 24,5% des filles de 15 à 19 ans ont été victimes de grossesses précoces, selon une enquête menée par l’UNICEF en 2018. Les grossesses précoces chez les adolescentes ont de graves conséquences sur la santé des mères adolescentes et de leurs enfants.

Ces grossesses précoces touchent en majorité les jeunes filles adolescentes de l’école secondaire et cela les amènent à abandonner leurs études. De ce fait, leur avenir est compromis et pour certaines c’est un grand malheur.

Pour combattre ce fléau, Uwezo Afrika Initiative, une organisation engagée de manière effective dans la promotion et la défense des droits des femmes et des jeunes, a mis en place des groupes d’échanges et de partage bimensuels dénommés « Clubs Maisha », ce qui signifie « club la vie » en français, à l’intention des jeunes filles des écoles secondaires de la ville de Bukavu et du territoire de Kabare au Sud-Kivu.

Ces groupes d’échanges ont été mis en place dans six écoles de la ville de Bukavu dont le complexe scolaire Divine et la Lune pour la commune de Bagira, le complexe scolaire Rafiki et Neema pour la commune de Kadutu et le complexe scolaire la Vertu et la fondation Etoile pour la commune d’Ibanda et deux du territoire de Kabare dont l’Institut de Chirunga et de Ludaha.

Charline Mupenda est membre du Club Maisha (ou club la vie) à Bukavu en RDC.
ONU Info / Esther N’sapu
Charline Mupenda est membre du Club Maisha (ou club la vie) à Bukavu en RDC.

Droits et besoins des adolescentes 

Les thématiques abordées lors de ces discussions sont liées à la santé sexuelle de la reproduction dont les droits et besoins des adolescentes ; la confiance en soi ; les changements importants pendant l’adolescence/ la puberté ; les problèmes auxquels les jeunes adolescentes font face ; l’amitié entre fille et garçon ; la gestion de l’hygiène menstruelle et la dysménorrhée.

D’après Mme Cito Lushoka Marie Thèrese chargée de projet santé chez Uwezo Africa Initiative « les groupes d’échange « Clubs Maisha » ont comme but d’aider les jeunes filles à s’exprimer et à partager leurs expériences en rapport avec différentes thématiques liées à la santé sexuelle et reproductive ainsi que le genre ».

Cet espace de débat aborde également des thématiques en rapport avec l’épanouissement de leurs esprits grâce à l’information reçue afin qu’elles s’engagent dans la communication, dans le partage d’information et dans le changement de comportement. « Ces jeunes filles devront être porteuses de message de sensibilisation auprès d’autres jeunes filles de leurs écoles et dans leurs communautés respectives », a-t-elle dit.

Exaucé Badesire est membre du Club Maisha à Bukavu. Le club discute de la santé sexuelle et reproductive des adolescents.
ONU Info / Esther N’sapu
Exaucé Badesire est membre du Club Maisha à Bukavu. Le club discute de la santé sexuelle et reproductive des adolescents.

Eviter humiliations et préjugés 

Au cours des quatre dernières années, des serviettes hygiéniques lavables, ont été mises à la disposition des écoles membres de « Clubs Maisha » par Uwezo Africa Initiative, pour permettre aux élèves filles surprises par les menstruations de trouver une protection afin de ne pas rater les cours mais aussi de se sentir à l’aise tout en évitant les humiliations et les préjugés.

Une semaine, « l’amitié entre fille et garçon » était la thématique abordée par les élèves de la fondation Etoile. Les filles comme les garçons présents à ces échanges ont débattu autour de cette question souvent moins abordée entre les adolescents et leurs parents. Mme Cito Lushoka Marie Thèrese voulait au cours de ces échanges que les élèves puissent être capables de distinguer l’amitié de l’amour dans le but de prévenir les grossesses non désirées et les maladies sexuellement transmissibles comme le VIH/sida.

Exaucé Badesire, un élève de 12 ans, pense que l’amitié entre fille et garçon adolescent est dangereuse car les deux sont encore jeunes et n’ont pas suffisamment d’informations correctes en matière de santé sexuelle et reproductive. Lors des rapports sexuels non protégés, la fille peut tomber enceinte, ce qui va l’obliger à abandonner l’école. Le garçon pourrait contracter des maladies sexuellement transmissibles et les transmettre aux autres filles.

Trouver des réponses  

Mme Cito pense que le « Club Maisha » est nécessaire pour les élèves et demande aux écoles de s’approprier ces thématiques et de renforcer les discussions sur la santé sexuelle et reproductive dans le cours d’éducation à la vie pour permettre aux élèves non seulement de s’exprimer librement mais aussi de trouver des réponses sur des sujets qui leurs tiennent à cœur.

D’après le Fonds de Nations Unies pour la population (UNFPA), la santé sexuelle et reproductive des adolescents doit être défendue. Cela passe notamment par l’accès à une éducation sexuelle complète, par des services pour prévenir, diagnostiquer et traiter les infections sexuellement transmissibles, et par des conseils en matière de planification familiale. Cela signifie également permettre aux jeunes de s’émanciper pour qu’ils connaissent et fassent valoir leurs droits, comme par exemple le droit de retarder leur mariage ou de refuser des avances sexuelles non désirées.

Ce reportage a été réalisé par Esther N’sapu, correspondante d’ONU Info en République démocratique du Congo 

ByRolande CINAMA

Bukavu : Harcèlement sexuel dans les ménages, une violation des droits des femmes

En province du Sud-Kivu en général et dans la ville de Bukavu en particulier, des femmes et filles sont harcelées sexuellement dans des ménages mais celles-ci se taisent. Pourtant, ces actes les mettent dans des situations inconfortables et ne leur permettent pas de vivre et d’évoluer en toute indépendance. Certaines des survivantes en parlent pour encourager d’autres à dénoncer et aux services judiciaires de punir ces actes malsains.

Tel est le cas de deux filles rencontrées dans la ville de Bukavu. L’une a été harcelée par son cousin qui habitait chez elle et l’autre femme de ménage de son état, a été harcelée par le fils ainé de son patron.

Christelle (nom anonyme) raconte ce qu’elle a vécu : « À l’âge de six ans, dans les années 2012, un de nos cousins est venu vivre dans notre maison familiale. Il me dépassait de quatre ans. Quand j’ai atteint l’âge de 10 ans en 2016 avec le début de la puberté, certains changements s’opéraient déjà sur mon corps. Vu le regard de mon cousin, celui-ci me harcelait déjà verbalement. J’avais trop peur et je ne pouvais le dire à personne puisqu’il me disait que si j’ose le dire à qui que ce soit il va me tuer ».

A part Christelle, Zawadi a aussi été harcelée. Femme de ménage depuis l’âge de 17 ans, elle a été harcelée par le fils de son patron âgé de 30 ans à plusieurs reprises. « Le fils aîné de mon patron voulait coucher avec moi quelques mois après que j’ai été engagée chez lui. J’ai commencé ce travail en juin 2021. A chaque fois que j’étais seule à la maison, il revenait avant le temps et me faisait des avances. Le jour du  nouvel an 2022, une grande fête avait été organisée à la maison. La fête s’est clôturée trop tard. Le lendemain je devrais me réveiller tôt pour arranger la maison. J’étais à la cuisine vers 7 heures et tout le monde dormait encore. Il est venu et a fermé la porte de la cuisine derrière lui. Il a commencé à me toucher et m’a forcé à coucher avec lui disant qu’il va me payer le double de mon salaire à la fin du mois. Il a insisté, j’ai refusé mais il ne voulait pas accepter. Lorsqu’il voulait me prendre par force je l’ai giflé et il est tombé. C’est là que je me suis enfouie de la cuisine. Le mois prochain, en février 2022 j’ai démissionné de mon boulot par peur d’être violée », temoigne-t-elle.

Ces cas sont de plus en plus fréquents bien que des femmes ne veulent pas en parler. Comme Christelle qui subit depuis plusieurs années un traumatisme, il serait important que les femmes puissent dénoncer ce cas pour être suivies psychologiquement.

« Arrivée à l’âge de 16 ans, au courant de l’année 2022, ce même cousin qui me dépassait de quatre ans a profité de l’absence des parents pour venir s’imposer dans ma chambre. J’avais des règles et des maux de ventre que j’ai décidé de rester à la maison alors que toute la famille était invitée à une fête. Mon cousin a aussi fait semblant d’être malade pour ne pas aller à la fête. Quand ils sont tous partis, il est venu dans ma chambre et a dit que cette fois-là il ne va pas me laisser sans rien faire. Il m’a touché sérieusement et moi de mon côté je n’avais pas de force pour lui résister. Ce qui m’a sauvé ce sont mes règles », a ajouté Christelle.

Pour Néné Bintu, défenseure des droits des femmes, la plupart des filles harcelées sexuellement au sein de leur ménage ne veulent pas dénoncer par peur de déstabiliser leur famille. Celles qui travaillent dans les ménages appelées couramment « domestiques » ou « bonnes » se trouvent dans une situation faible économiquement pour pouvoir dénoncer.

« Les filles et femmes victimes de harcèlement sexuel ne dénoncent pas parce qu’elles n’ont pas assez de moyens pour pouvoir être accompagnées par les instances judiciaires. C’est maintenant le travail que doivent faire les organisations féminines pour pouvoir accompagnées ces femmes ayant de faible moyen de se prendre en charge mais cela doit commencer par des dénonciations de ces filles et femmes harcelées pour qu’elles soient accompagnées ».

Elle renchérit par le fait que des sensibilisations doivent être faites par les organisations de la société civile et les organisations féminines afin d’amener toutes les femmes victimes de pouvoir dénoncer, ainsi être accompagnées juridiquement et psychologiquement parce que plusieurs d’entre elles subissent des stress et traumatismes.

Des séances de sensibilisation sont faites sur terrain en province par plusieurs organisations. C’est notamment par le conseil des organisations des femmes agissant en synergie, COFAS en sigle.

Pour Josée KUSINZA, secrétaire exécutive du COFAS, des formations sur les droits humains et les besoins sexo-spécifiques des femmes sont organisées à l’égard des jeunes filles adolescentes afin de les amener à dénoncer toute forme de violence dont elles sont victimes.

« Nous organisons des formations à l’égard des jeunes filles scolarisées et non scolarisées à travers des clubs de filles, des familles, des écoles et des groupes de travail pour les amener à dénoncer toute forme de harcèlement sexuel dont elles sont victimes. Pour les filles scolarisées, 14 écoles dont nous sommes partenaires ont des cours en matière de violence et le leadership féminin ».

Lumière SINGAY, experte en santé mentale précise que beaucoup de femmes pas seulement victimes de harcèlement sexuel souffrent parce que, les femmes ont été éduquées de la manière dont celle-ci ne doit pas dévoiler les secrets de sa maison. Ce qui reste un grand obstacle pour que les femmes de ménage et les filles puissent dénoncer le harcèlement sexuel dont elles subissent. Pourtant, il est important que les survivantes puissent suivre une thérapie avec d’autres personnes pour exposer leurs problèmes et obtenir la moitié du traitement.

« Si les survivantes ne suivent pas de thérapie, à la longue elles vont développer la nervosité, l’anxiété, les maux de tête, la gastrite mais aussi l’hypertension parce qu’elle s’enferme sur elle et le problème s’aggrave. J’invite ces filles victimes de harcèlement sexuel  à approcher les experts en santé mentale, les psychologues et les psychiatres afin d’exposer leur problème et parvenir à trouver tant soit peu le soulagement », indique Lumière Singay.

Les experts en santé mentale ne vont accompagner les femmes et filles dans les ménages des victimes de toutes ces formes de violence que si celles-ci les approchent lorsqu’un tel ou tel autre problème s’est présenté, a-t-elle conclu.

Le code pénal congolais en ses articles 2 et 4 punit d’un an à douze ans et d’une amende de cinquante mille francs congolais constants, celui qui se sera rendu coupable de harcèlement sexuel ou l’une de ces peines seulement. Comme pour toutes les infractions de violences, l’amende transactionnelle n’est pas de mise en matière de harcèlement sexuel. En ce qui concerne le harcèlement sexuel en milieu de travail, celui-ci a comme siège de la matière en RDC, les articles 2 et 4 de l’Arrêté ministériel du 26 octobre 2005 portant interdiction du harcèlement sexuel ou moral dans l’exécution d’un contrat du travail et l’article 174 de la loi du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le Décret du 30 janvier 1940 portant Code pénal congolais.

De sa part, la chef de division du genre, femme, famille et enfant, Jacqueline Ngengele stipule que les cas de harcèlement et des violences sexuelles et celles basées sur le genre ne sont pas dénoncées auprès de l’état. Le harcèlement ne se passe pas seulement dans les ménages mais également dans des écoles et dans les milieux de travail pourtant censés être des milieux saints. Elle compte faire la vulgarisation auprès des points focaux genre des institutions publiques et les organisations de la société civile de la nouvelle stratégie nationale de lutte contre les VSBG validée en 2020 afin que toutes les parties prenantes s’en approprient, ainsi mettre fin à toutes formes de violence dont subissent les femmes.

« Nous attendons que le gouvernement puisse imprimer la stratégie nationale révisée de lutte contre les VSBG afin que toutes les parties prenantes prennent conscience qu’elles doivent travailler pour l’élimination des VSBG dans nos communautés », a-t-elle conclu.

La nouvelle stratégie  apporte quelques nouveautés de par sa définition qui englobe tous les aspects des VBG, y compris les violences domestiques, la responsabilité du Gouvernement renforcée et son champ d’action qui s’étend sur tous les territoires. Tout ça, pour lutter contre les VSBG sur toutes ses formes en RDC.

Joëlle Bufole, JDH.