UVIRA: le deuil est fait, les habitants brisent le silence et parlent des atrocités vécues

ByRolande CINAMA

UVIRA: le deuil est fait, les habitants brisent le silence et parlent des atrocités vécues

Plus de 500 personnes, jeunes, femmes et hommes se sont réuni ce samedi 12 Novembre 2022 dans la cour «Baraza la parokia » d’Uvira  afin d’échanger  autour d’une question qui les unit inévitablement et qu’ils ont tous en commun : la perte de plusieurs de leurs et le refus de la violence armée et toute autre situation fragilisant la cohésion sociale au niveau local, provincial et national.

La troisième édition du Requiem pour la paix a ainsi permis la prestation des trois groupes musicaux de la place, dont Bienheureuse Anuarite, Vie Nouvelle et Les Petits chanteurs d’Uvira qui ont scandé des chants vernaculaires avec trois chœurs locaux en mémoire et hommage aux morts, victimes des massacres et tueries que la RD Congo a connu et continue à vivre dans cette partie du pays.

Des témoignages sur les tueries et autres atrocités perpétrées dans la province du Sud-Kivu  précisément à Uvira et Fizi ont été relatés et partagé par les participants « Mon père et plusieurs autres personnes furent tués en 1965 durant les massacres de KIHUMBA sous mes yeux et tout cela à cause du mauvais système politique, le monstre qui nous divise et pourtant nous sommes frères. » Mr Phanuel BIZURI NZIBONERA, DG ISAVC Minembwe et Directeur exécutif de l’OPADER / SK

 

 

« Pour la première fois de ma vie en 1980 j’ai entendu des coups de feu ; et en 1994, j’ai vécu la guerre due au génocide au Rwanda. Chez nous  au Congo c’est précisément en 1996 que la guerre a déclenché et depuis lors la multiplicité des groupes armés s’en est suivie. C’est à partir de cette période que la « guerre »  a semblée être un mot familier au Congolais et dès lors on a perdu le sens de la vie humaine au Congo. témoigne Mme Abigaël, activiste de la société civile

Pour la majorité des participant(e)s, les minerais congolais convoités par les pays occidentaux et ceux voisins ; les rebellions (RCD, LDK), depuis l’époque du gouvernement Mobutu ; le tribalisme sont les causes de toutes ces atrocités. Quant aux conséquences, les participant(e)s ont montré que les guerres ont plongé la population dans le deuil infini. Tous les jours, le pays pleure ses filles et fils tués par-ci par-là, les violences sexuelles surtout chez les femmes et filles, la misère entretenue par l’insécurité.

Nous ne sommes plus libres de vaquer à nos propres occupations à travers le pays par crainte des coupeurs des routes et d’enlèvement. Il est devenu difficile même de joindre Bukavu. Les vols à mains armées, la multiplicité d’orphelins et des veuves, l’exode vide nos milieux. Souligne une des participantes.

Selon la chargée du programme culture au sein de Uwezo Afrika Initiative, Mme Jeannette Bazibuhe : «  le sens même de la cohésion sociale se fait sentir ici à Uvira car les gens ne se condamnent plus mais essayent de trouver ensemble des pistes de solutions pour avoir un Uvira sans massacre et sans tueries ».

Rappelons que cette activité visant la cohabitation et la cohésion sociale s’inscrit dans le projet « Promotion de la culture comme vecteur de changement pour le  développement et la cohésion sociale en RDC »

Cinama Rolande

 

About the author

Rolande CINAMA administrator